malgré les semaines passées à lugenir, tu n'as jamais mis les pieds au musée. la vérité, c'est que tu aimes terriblement les musées, tu aimes les histoires, tu aimes terriblement le passé, en apprendre davantage. c'est probablement ta curiosité naturelle qui fait ça. mais en apprenant à connaître les gens du village, tu t'es rendu compte que le musée n'était certainement pas le bienvenue. et pourtant, c'est exactement ce dont cette ville avait besoin ? quelque chose pour attirer les touristes, quelque chose pour faire marcher les hôtels, pour faire repartir le commerce. on dirait que les gens de noc'nihili n'aiment pas beaucoup les touristes. c'est étrange, d'habitude peu importe la région on vous accueille à bras ouvert, vous les rangers. c'est du moins ce que raconte altaïr, et tu ne penses pas qu'il puisse se tromper. alors ... pourquoi ici les gens semblent si fermés ? toi, tu voudrais en savoir plus sur l'histoire de l'archipel, mais on t'a dit que le musée ne s'axait pas là dessus, c'est pourtant un filon exceptionnel, pas vrai ? peut-être qu'ils n'aiment pas les légendes, tu songes, alors que tu entres, un peu anxieux, dans le grand bâtiment.
la première chose qu'on te dit, c'est que ton pokémon doit retourner dans sa pokeball ou rester dehors. tu jettes un oeil à flash perché sur ton épaule et tu écarquilles les yeux. il est minuscule et il est sage, comment pourrait-il casser quoi que ce soit ? et pourtant, tu obéis, tu rouvres la porte, juste un peu pour le laisser sortir, il sera probablement en train de se balader en ville plutôt qu'enfermé dans sa pokéball. de plus, il n'a vraiment pas l'air d'aimer ça. tu t'acquittes de ton billet d'entrée, saluant poliment la dame à l'accueil avant de passer la première arche vers la pièce principale. beaucoup d'espace, mais pas grand chose. tu soupires faiblement, tu supposes que tu as payé pour faire prospérer leurs recherches. tant mieux, d'une certaine façon.
et pourtant, les yeux sont attirés par une genre de grande peinture dans une autre pièce, où elle se trouve seule, elle est immense, cette peinture, et de toute évidence, elle dépeint l'affrontement entre groudon et kyogre, stoppé initialement par rayquaza. tu gardes les yeux ancrés sur la peinture, te demandant ce qu'elle fait là. elle a l'air symbolique, mais c'est étrange, tu n'imaginais pas te retrouver dans un musée d'art. il n'y a même pas l'auteur sur l'étiquette, juste le titre. tu soupires faiblement, cherchant du regard quelqu'un qui pourrait t'expliquer, et il y a bien un jeune homme à quelques mettre, à peine plus âgé que toi mais soudainement t'as la boule au ventre, tu croises son regard seulement un instant et tu reposes les yeux sur la peinture, ravalant tes sueurs froides. tu devrais peut-être t'en aller.
bon sang, que la vie était morne. le musée lui offrait le calme qu'il avait tant désiré durant l'entièreté de sa vie, mais il devait se rendre à l'évidence : maintenant qu'il était dans l'endroit le plus calme que le monde - et sa profession - avait à lui offrir, il se faisait chier comme un ratata mort. c'était bien beau de m'amuser à parcourir les couloirs blancs et vides du musée perché sur sa chaise à roulettes, mais fallait bien se rendre compte qu'à un moment donné, c'était pas censé être ça la vie de lieutenant d'une team influente. enfin, influente, influente... il était soudainement plus très sûr de ce qu'il avançait, là. fallait avouer qu'influence et team magma, c'était pas trop deux mots qui allaient ensembles ces derniers temps. enfin après c'était la même chose de l'autre côté de la barrière, il avait entendu dire que ça tentait de se reconstruire chez la team aqua et très honnêtement... il espérait qu'ils se débrouillent mieux qu'eux parce que sinon ils allaient pas aller très loin, tous. il aurait pu se pointer au casino un jour, juste pour voir ce que ça ferait, mais il était bloqué comme un idiot dans un musée qui tombait spirituellement en ruine, alors il ne pouvait pas trop sortir. encore moins pour aller rendre une petite visite à l'ennemi. non parce qu'au pire, s'il racontait que c'était pour entraîner tara, encore ça passait, parce qu'il faisait ça dans l'intérêt de la team. mais s'il babillait qu'il avait abandonné son poste pour rendre visite à karel, qui, il était certain, manquait de magma dans sa vie... le boss allait pas être très content. et pas besoin de lui mentir, parce qu'on ne mentait pas au boss, tout ça tout ça.
bref kali était bloqué comme un con. c'était pathétique. en plus ils manquaient de clients... enfin, clients. visiteurs. fallait les appeler visiteurs, parce que ce n'était pas comme s'ils achetaient grand chose, ces ploucs, à part leur billet d'entrée... ouais. il avise le garçon à quelques mètres de lui, l'observant depuis son siège à roulettes où il est assis, les bras croisés sur le dossier. les gens passaient souvent le plus clair de leur temps à observer l'immense peinture des deux autres fléaux qu'à réellement visiter le musée. c'est pas plus mal. leurs regards se croisent et sérieusement il jure que l'autre mec va lui clamser entre les pattes. il était trop timide pour lui adresser la parole ? ouais, il pouvait comprendre.
l'auteur est anonyme. on aurait peut-être du mettre une étiquette mais ça faisait moins joli, désolé.
de toutes façons il était là pour indiquer aux gens que l'auteur était un anonyme, concrètement, alors ça revenait au même. kali l'étiquette, concrètement. il soupira doucement, tournant à nouveau la tête vers l'inconnu.
n'hésitez pas à poser des questions, je suis là pour ça.
celui dont tu as croisé le regard ouvre la bouche, et lorsque sa voix arrive à tes oreilles, tu te tasses un peu, tu te remets à observer la peinture, songeur.
l'auteur est anonyme. on aurait peut-être du mettre une étiquette mais ça faisait moins joli, désolé.
moins joli ? tu supposes que tu peux comprendre. tu relèves les yeux vers l'affrontement. pas d'humains sur cette peinture. peut-être qu'ils n'étaient pas là, peut-être que les hommes n'ont pas tellement leur place au milieu des grands pokémons fondateur. peut-être que personne ne saurait apprécier la puissance et la noblesse de kyogre, groudon ou rayquaza. et pourtant, tu as entendu parler de ce qu'il s'est passé à hoenn. après tout, c'est là-bas que tes parents sont partis, et ne sont jamais revenus. c'est là-bas qu'eden a passé ses jours et ses nuits, c'est là-bas que les choses ont changé, c'est sans doute ce qui t'a motivé à partir, d'une certaine façon, malgré le fait que tu n'y ai jamais mis les pieds. tu aurais bien aimé, mais c'était encore trop tôt.
n'hésitez pas à poser des questions, je suis là pour ça.
des questions, il y en a plein qui te viennent, mais tu n'es pas certain qu'elles soient judicieuses, ou qu'il puisse répondre. après tout, tu te demandes pourquoi le musée s'est installé ici, pourquoi il n'y a quasiment rien, pourquoi tout le monde ici semble le détester tant, pourquoi il y a si peu de visiteurs ? mais tu te contentes d'observer la patte de l'auteur, les traces de peinture, la rage et la fascination. tu recules un peu.
est-ce que...
tu parles trop bas, il ne va rien entendre, tu te racles la gorge, mal à l'aise en sachant que flash n'est pas près de toi pour te donner un peu de courage. tu relèves les yeux vers l'inconnu, tu cesses d'observer le dallage brillant, après tout ça va le saouler si tu joues au gamin effrayé, pas vrai ? mais tu n'y peux rien, avec des inconnus comme des visages familiers, tu es comme ça, toi qui avait tant l'habitude d'être invisible.
vous allez vous spécialiser dans la mythologie pokémon ?
tu as entendu parler des histoires que les plus âgés de l'archipel transmettent, ça pourrait être intéressant d'avoir un endroit où en apprendre davantage. mais tu devines à la réputation du musée que ce ne sont pas des gens d'ici qui le tiennent.
kali soupire un peu, observant la peinture avec une mélancolie qui n'aurait pas pu être feinte. à peine grillé, quoi. au moins le gars a des questions, c'est pas mal, c'est même trop cool : après tout, ça faisait des semaines et des semaines que quelqu'un était pas venu le voir pour lui poser des questions sur les œuvres ou les reliques exposées ici. de toutes façons en général il n'avait pas la réponse à la question, parce que c'était des trucs super techniques et que kali était jeune, con et rouillé. et comme d'habitude, son manque de répondant scientifiques permettait au musée de se faire une encore plus mauvaise réputation. merveilleux. le problème de kali c'était probablement qu'il avait du répondant, mais du répondant de gamin insolent, et que des petits vieux qui viennent lui poser des questions spécialement pour ressentir une quelconque satisfaction de le trouver sans réponse, ça lui casse les couilles. compréhensible. putain, le boss l'aurait tué, maintenant qu'il y pense.
je suppose que oui. mais j'peux rien promettre, c'est pas moi qui ait les rennes ici.
au moins il était clair, franc, bref c'était pas comme s'il allait se mettre à déblatérer des mensonges juste pour caresser le client dans le sens du poil. il caressait personne lui, non mais n'imp. il posa son menton sur ses bras croisés sur le dossier de sa chaise, quittant la peinture du regard pour tourner la tête vers l'inconnu.
c'est rare de voir des gens de notre âge par ici. d'habitude y a que des vieux, j'vous avoue.
il esquisse un petit sourire, penchant un peu la tête sur le côté. un peu plus loin, tara trottine pour venir les rejoindre, reniflant les jambes de noctis en piaillant. elle n'avait pas encore évolué, mais il sentait que ça allait réellement pas tarder à venir. il prévoyait de l'emmener sur le terrain bientôt pour éviter qu'elle n'évolue dans le musée, ça ferait un peu tache. n'empêche, il avait de la chance. tara était un des seuls pokémons à pouvoir se balader dans le musée... tant qu'elle ne faisait rien de problématique, on va dire. ça impliquait de la sortir toutes les heures histoire d'éviter les accidents, qu'il vente, qu'il pleuve ou qu'il neige, mais bon.
tara, on avait dit quoi. reviens.
il a juste peur que la petite prenne l'inconnu en grippe et qu'elle essaie de lui bouffer le mollet -au moins ils auraient été assortis- pendant un moment d'inattention quoi. tara couina, allant se poser contre la chaise de kali.
désolé. j'suis pas forcément censé la laisser en liberté dans le musée, mais dites rien s'il vous plaît.
kali le thug, saint arceus. il soupira, levant les yeux au ciel.
je suppose que oui. mais j'peux rien promettre, c'est pas moi qui ait les rennes ici.
tu fronces les sourcils, un peu déçu sans mentir. tu t'attendais à ce qu'il est un poste important, parce qu'il a l'air d'être quelqu'un d'important, mais tu supposes qu'à cause de son jeune âge ... on doit lui mettre des bâtons dans les roues. ou alors il n'a pas envie. ouais, c'est sans doute ça, avec son air un peu rebelle et tout. peut-être que pendant un instant tu l'admires un peu, il faut dire qu'il a rien à voir avec tes frères ultra bosseurs et psychorigides quoi, c'est un fait.
c'est rare de voir des gens de notre âge par ici. d'habitude y a que des vieux, j'vous avoue.
ça, c'est certains, pour les seules fois où tu t'es réellement baladé dans la ville où tu as décidé de vivre pour l'instant, tu n'as croisé que des gens du troisième âge, baladant leurs pokémons. ils ont tous été très polis avec toi, et tu as même pu discuter avec quelques pokémons, mais c'est clairement pas la ville dynamique où on imagine trois ou quatre boite de nuit et on ferait les soirées du siècle. pas que ça t’intéresse outre mesure non plus, remarquez.
tara, on avait dit quoi. reviens.
tu t'étais perdu dans tes pensées et la remarque du jeune homme te ramène, alors que tu suis des yeux le malosse qui revient vers son maître, un sourire attendri au visage. il te dit qu'elle n'a pas le droit d'être ici mais te demande de pas vendre la mèche et honnêtement c'est pas ton genre. tu regrettes un peu de ne pas avoir pu montrer la peinture à flash, mais tu supposes que ce dernier aurait surtout été capable de tout toucher et tout casser plus que d'admirer calmement comme tu le faisais actuellement.
je dirais rien.
de toutes façons c'est pas comme si y avait vraiment quelqu'un à qui le dire quoi. m'enfin. tu t'accroupis pour te mettre à la hauteur du pokémon qui s'est éloigné et lui sourit tendrement. c'est la première fois que tu vois un malosse d'aussi près. tu te souviens qu'étant petit, orion, ton cousin, s'était fait mordre par un de ces pokémons. mais orion pouvait être vraiment bête quand il s'y mettait, alors bon.
tu es très jolie.
tu murmures, avant de rougir un peu, intimidé de parler à un pokémon devant un inconnu, d'autant plus le sien, tu relèves finalement les yeux vers le-dit inconnu.
